Pédagogie et Syndicalisme, de quoi je me mêle...

mardi 21 juin 2016
par  Rédacteur

Peut-être avez-vous déjà entendu des remarques du genre : « Mais les syndicalistes
de quoi vous occupez-vous ? Ce n’est pas aux syndicats de faire de la pédagogie.... »
Et pourtant, historiquement pédagogie et syndicalisme sont intimement mêlés.
SUD éducation se revendique un syndicat de transformation sociale, de lutte. La
question pédagogique, dans cette optique prend alors tout son sens.
Le syndicalisme, celui des syndicats SUDSolidaires (union interprofessionnelle) ne
se cantonne pas uniquement à la défense du service public et au maintien ou l’amélioration des conditions de travail, combats ô combien nécessaires mais non suffisants.
Au-delà de cela, il nous paraît important, aussi, de contribuer à l’élaboration d’un projet de société alternatif, à le construire dans les AG de lutte et au quotidien
sur nos lieux de travail.
Sud éducation revendique l’autogestion dans le service public d’éducation : la réappropriation de l’outil de travail par les travailleuses-eurs car l’organisation hiérarchique du travail est génératrice de souffrance, casse la dynamique de travail
d’équipe, la motivation à s’investir personnellement et activement dans son enseignement et favorise l’individualisme et la mise en concurrence : perte de solidarité, de coopération, de vision globale, désinvestissement, déresponsabilisation, souffrance...

Aussi, nous nous devons d’être cohérents, ce que nous revendiquons pour les adultes, nous devons aussi l’appliquer dans nos classes avec nos élèves.

Pour Célestin Freinet : « On prépare la démocratie de demain par la démocratie à
l’École. Un régime autoritaire à l’École ne saurait être formateur de citoyens démocrates. » (invariant n°27)
Il est plutôt difficile à vivre d’aspirer à une société démocratique et solidaire et de se
retrouver dans la position d’un tyran autoritaire dans sa classe, et pourtant, le décalage entre le faire et le dire est souvent criant... revendiquant un idéal de société, nous n’en restons parfois pas moins engoncés dans le carcan des habitudes... pour X raisons, ce n’est pas si facile.
Mais il y a des possibles, il ne s’agit pas uniquement de visions de l’esprit de telles
expériences existent et ont fait leurs preuves : écoles Freinet, Lycée autogéré de
Paris ou de Saint-Nazaire etc. dans le public et dans différents milieux. Ces structures sont le résultat d’expérimentations et de luttes et ne peuvent être prises
comme des modèles à reproduire à l’identique, mais elles existent, avec leurs limites et leurs questionnements, et montrent que l’on peut.

Aussi, les pédagogies « alternatives », « nouvelles », « actives », « coopératives »... ont aujourd’hui le vent en poupe et sont vendues à toutes les sauces,
la pédagogie entrepreneuriale use de pédagogie de projet, de socioconstructivisme,
de pédagogie active... faut-il alors s’en détourner ? Cela serait peut-être un
peu simpliste : on sait combien les libéralismes de tout poil ont les capacités de
détourner et d’utiliser des idéologies et des discours qui leur sont pourtant
contraires. Cela ne doit pas être un argument suffisant pour les mettre de coté.
Le syndicalisme révolutionnaire était porteur d’un modèle pédagogique émancipateur et les pédagogies coopératives en sont
l’héritage. Il faut donc voir au-delà de la « méthode » quelle est l’intention : créer
de l’employabilité, de l’esprit entrepreneurial, de la créativité au service de l’entreprise, du capital humain pour le marché des compétences.... ou plutôt de permettre à l’enfant de se construire en tant que sujet, de développer l’esprit critique, apprendre à vivre avec l’autre, l’aider à acquérir les clés pour comprendre le monde et agir sur son environnement, s’émanciper.

On dit chez Sud éducation « une autre école pour une autre société », il s’agit
donc bien de pédagogie. De pédagogie et de politique ?
Il semble bien que la dissociation actuelle soit fort nocive car à vouloir faire de la pédagogie sans politique, on édulcore les projets émancipateurs à un tel point qu’on
leur fait perdre leur âme : c’est ce que font les organisations syndicales cogestionnaires et les réformes gouvernementales qui se contentent de reprendre la facture extérieure des pédagogies coopératives sans mettre les moyens adéquats mais surtout en se débarrassant du projet politique qui lui donnait du sens et en le remplaçant par un tout autre projet politique.

L’école que l’on connaît en France est l’une de celles qui reproduit le plus les
inégalités... si aujourd’hui la proportion de bacheliers augmente, l’école est néanmoins le lieu de la reproduction et de la sélection sociale. A l’image de l’école de Jules Ferry, qui permit à tous les enfants du peuple d’être scolarisés, mais aussi de faire taire les envies de révolte et de transmettre les valeurs de la bourgeoisie, l’école d’aujourd’hui est soumises aux politiques néo-libérales européennes (stratégie de Lisbonne, processus de Bologne) qui visent à faire de l’Europe la première puissance sur le marché de la connaissance... nos élèves, nos enfants étant alors le capital humain permettant d’y arriver. Est-ce vraiment l’objectif que nous voulons pour l’école ? Pour nos enfants ? Alors que nous vivons une crise planétaire sans précédent : réchauffement climatique, injustice sociale, pouvons-nous décemment continuer ainsi ?

Face aux drames et aux enjeux actuels, à l’urgence alors « Quelle école, pour quelle société ? » SUD éducation souhaite, vous l’avez compris, réinvestir le champ de la pédagogie. Il ne s’agit évidemment pas de dire à chacun comment il doit faire avec des méthodes bien définies (on a déjà assez des réformes se voulant pédagogiques pour cela...) mais plutôt de permettre à chacun de cerner les enjeux pour que des réflexions, des actions personnelles et collectives se mettent en place, de porter de grandes orientations et des revendications syndicales sur les conditions de travail pour que des projets (grands projets ou petites actions du quotidien) puissent se mettre en place dans des dynamiques autogestionnaires : liberté pédagogique, réduction des effectifs dans les classes, temps de concertation dans les équipes, moyens...

Ainsi SUDéducation souhaite :
- une école publique et laïque, et gratuite qui offre un accès égal pour tou-te-s jusqu’à 18 ans.
- une école polytechnique qui ne reproduit pas la division sociale et capitaliste du
travail (décision, conception, exécution) et valorise les capacités de chacun sans les
hiérarchiser, permette de s’épanouir.
- une école égalitaire et inclusive. L’égalité des chances n’est pas l’égalité ! Avec de
vrais moyens pour y arriver, cela nécessite de repenser l’école pour ne pas laisser
enfants, adultes et enseignant-e-s dans des situations difficiles, face à une hétérogénéité impossible à gérer dans le cadre normatif que nous connaissons.
- une école émancipatrice, qui contribue à ce que les enfants puissent se construire
en tant que sujets.

Une commission fédérale « Quelle école ? » travaille à ces questions, notamment
à travers un appel à constituer des collectifs pour des alternatives pédagogiques
et sociales (voir le site SUDéducation 89), mutualiser les ressources et aider à l’organisation de stages.

Localement un groupe de travail s’est également constitué et un stage sur la coopération sera proposé à la rentrée.


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