Éducation : Amplifions la lutte contre les LGBTphobies !

vendredi 27 novembre 2015

Le 13 mai, le Collectif Éducation contre les LGBTphobies en milieu scolaire (Cgt-Ferc, Fcpe, Fidl, Fsu, Sgen-fdt, Sud éducation, Unef, Unl) a organisé en partenariat avec les associations Contact, Estim’, Inter-LGBT, Sis association et SOS homophobie une journée de colloque, « Éducation : Amplifions la lutte contre les LGBTphobies », avec un double objectif de formation et de médiatisation. Devant le manque de considération accordée à ces problématiques, il est en effet urgent d’alerter les pouvoirs publics et de donner des outils aux personnels pour se saisir de ces questions.

La matinée a d’abord commencé par une introduction de M. Teychenné, auteur du rapport présenté il y a deux ans portant sur les LGBTphobies à l’école et proposant des pistes pour y remédier. M. Teychenné a synthétisé les idées fortes de son rapport : plus de 100 000 jeunes seraient concerné-es par les LGBTphobies à l’école, et les conséquences en sont lourdes : isolement, décrochage scolaire, pensées suicidaires. Malgré l’ampleur de la question, M. Teychenné n’a pu que souligner l’inertie de l’Éducation nationale en la matière.

Après la projection de Ceci n’est pas un film de cowboys et une discussion avec son réalisateur B. Parent, SOS homophobie a dressé un rapide bilan chiffré des manifestations de l’homophobie en milieu scolaire, à partir de son bilan annuel rendu public en mai. Les élèves étudiant-es sont les premièr-es exposé-es (77% des témoignages recueillis, contre 12% de professeur-es, 3% de parents et 2% d’intervenant-es). Ainsi, les témoignages relatent des insultes (59 % des cas), des menaces (14 %), des coups (21 %), du harcèlement (33 %) ou parfois simplement de l’ignorance (58 %). Les auteur-es de ces agressions verbales et/ou physiques sont à 66 % des élèves, mais aussi pour 12% ce sont des professeur-es, et pour 11% des personnels de direction ou d’encadrement ! Les niveaux les plus concernés sont le collège (24 % des témoignages) et surtout le lycée (50 %).

Les interventions de fin de matinée ont ensuite proposé des pistes pour éduquer concrètement contre l’homophobie et agir contre le harcèlement. Une étude comparée a notamment montré les disparités de traitement de ces questions en Europe, d’un côté avec l’exposition le Zizi sexuel, particulièrement hétéro centrée et marquée par une vision très stéréotypées et réductrice des rapports garçons/filles et de la sexualité ; de l’autre avec des exemples de livres jeunesse suédois beaucoup plus inclusifs (représentation de toutes les minorités) et prenant en compte toutes les identités de genre et toutes les sexualités.

12h30 Rassemblement derrière l’Hôtel de ville

Après une lecture publique de la tribune du Collectif Éducation contre les LGBTphobies en milieu scolaire, militant-es de syndicats et d’associations (dont beaucoup de Sud et Solidaires, et de SOS homophobie) ont scandé des slogans pour les droits des LGBT : « Lesbiennes, Gays, Bi-es et Trans…l’Égalité… c’est aussi à l’école ! »

La première intervention de l’après-midi a fait le lien entre stéréotypes de genre et LGBTphobies et a mis l’accent sur l’apport de la pensée queer [1] pour dépasser les stéréotypes. L’intervenante a également insisté sur l’importance de créer des espaces bienveillants (safe space) dans lesquels chaque élève puisse sentir qu’il/elle peut afficher son identité de genre sans risquer discriminations ni remarques vexatoires.

Une représentante de l’Ilga (International lesbian and gay association) a ensuite fait un panorama des actions menées en Europe et du rôle des instances de l’Union européenne dans le soutien à ces initiatives.

Les associations Sis association, Estim’, Contact et SOS homophobie ont présenté leurs modes d’intervention en lien avec le milieu scolaire : ressources sur leurs sites pour aborder ces thématiques, séances de sensibilisation auprès des élèves, formation des équipes éducatives.

Enfin un temps de travail en atelier, par petits groupes, a permis de réfléchir à des propositions concrètes pour engager les établissements scolaires, au quotidien, dans la lutte contre les LGBTphobies.

Cette journée donnera lieu, l’an prochain, à la publication, par le collectif intersyndical et les associations participantes, d’« actes » du colloque.



[1Le terme américain "queer" signifie étrange, louche, de travers. Insulte du vocabulaire populaire équivalent au français "pédé", avec la connotation de "tordu", queer s’oppose à "straight" (droit) qui désigne les hétérosexuel-les. Ce courant de pensée militant né dans les années 1990 remet en cause les catégories d’identité sexuelle : identités de genre (homme et femme) et d’orientation sexuelle (hétérosexuel-le et homosexuel-le). Le queer ne se limite pas à combattre les inégalités ou les dominations entre ces catégories - l’homophobie ou le patriarcat - mais remet en cause l’existence même de ces catégories. Ce courant développe une critique de tous les essentialismes, et des assignations identitaires normalisantes alignant de façon rigide sexe/genre/sexualité/identité, il est animé par la volonté d’inventer de nouvelles configurations identitaires détachées d’une vision binaire.Pour plus de précisions, voir les ouvrages de Judith Butler (Trouble dans le genre) et de Marie-Hélène Bourcier (Queer Zones)


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