Oui la situation est un peu compliquée : je suis actuellement en disponibilité pour élever un enfant de moins de 8 ans (pour info, dispo = aucun salaire et perte du poste), je réintègre mes fonctions de prof des écoles à la rentrée 2015, j’ai donc participé au mouvement et j’ai un nouveau poste pour septembre. Et... je suis enceinte et serai en congé mat début octobre.

Pour la réintégration, l’administration me demande un certificat médical d’aptitude physique à l’exercice des fonctions enseignantes, avec une liste de médecins agréés par l’administration.

Je prends rendez vous avec un des premiers médecins de la liste : début d’ordre alphabétique pour le patelin et pour le doc.

J’arrive et me gare à proximité de l’adresse indiquée, passe devant une modeste demeure ornée de la plaque dorée indiquant le cabinet médical quelques mètres plus loin. Ouvre la porte, descend quelques marches et me retrouve dans une petite salle d’attente, Paris match, Pèlerin magazine (avec, surprise un article sur des entreprises qui choisissent un autre mode de gouvernance dont l’autogestion, intéressant). Bref.

C’est mon tour, le médecin, un grand bonhomme proche de la retraite me regarde de haut et m’écrase la main en guise de bienvenue, je lui explique rapidement la situation, profite d’être là pour lui parler d’une petite inquiétude à propos de ma grossesse, très à l’écoute il m’invite alors à voir ça avec mon gynéco...
"Et donc vous êtes enseignante, vous reprenez le travail mais vous êtes enceinte, vous allez être arrêtée", il se cale dans son fauteuil "bon, ce n’est pas vous en particulier hein, mais bon les enseignants vous n’êtes pas des courageux quand même".
Le ton est donné, je reste calme.
Puis c’est le temps des questions : il me demande pourquoi je reprends le travail, pourquoi je ne vois pas ça avec mon médecin traitant, "Ah il est à Auxerre et pourquoi vous n’allez pas à Auxerre" etc, je finis par lui montrer le courrier de l’inspection qui demande un médecin agréé de l’administration avec son nom dans la liste.
Le courrier entre les mains il réfléchit, le bonhomme est hésitant "hmmm, je crois que je ne vais pas vous le faire... ça m’embête... non je ne vais pas le faire, je trouve ça scandaleux ! Vous allez reprendre pour être payée à ne rien faire... enfin vous occuper des enfants... mais bon il y en a qui travaillent dur, et tout ça pour payer les aides des étrangers !" etc...
Toujours calme je reprends mon courrier entre ses mains, lui dit que je verrai avec un autre médecin et m’en vais. Je ne suis pas venue là pour l’entendre déblatérer sa haine machiste et raciste envers les parasites de la société : ces femmes qui font des enfants, les fonctionnaires, les chômeurs, les étrangers...
Quelques jours plus tard j’ai effectivement obtenu mon certificat, avec un autre médecin "la grossesse n’est pas une maladie", et un courrier est parti à l’ordre des médecins.