Prisonniers de l’Yonne (Mutations 1er degré) : Témoignage n°1

mercredi 25 mars 2015

Voilà où conduisent les politiques d’austérité dans le quotidien des enseignants...

Bonjour,

Nous avons été invités, aujourd’hui devant l’IA, à témoigner sur notre situation personnelle d’enseignant "prisonnier de l’Yonne", alors voici ma contribution !

Je suis PE dans l’Yonne depuis 2011, mariée, maman de 3 enfants (9, 12 et 15 ans) et habite en Côte d’Or (4 km de Nuits St Georges).
4 ans, 4ans de recherches de logement à 15 jours de la rentrée, d’emménagements, de déménagements, de cautions, démarche à EDF, France télécom , de frais d’autoroute, d’essence, d’entretien de véhicule, de fatigue, de stress, de crises à la maison, de courriers divers et variés sans réponse notamment celui du directeur de la CAF de Côte D’Or, patron de mon mari qui expliquait les difficultés rencontrées pour gérer nos enfants compte-tenu des horaires de permanence qui lui sont imposés, etc...etc....

Je me suis battue pour avoir ce concours, pour changer de vie et faire un métier dont j’avais toujours rêvé. Mais quelle désillusion !

On nous a prévenu dès le départ que notre présence dans l’Yonne pouvait être de 2 à 3 ans, qu’à cela ne tienne, on est prévenu, on s’adapte et s’organise.
Mais cela dure encore et encore, refus aux permutations informatisées, refus aux exeats ineats avec un barème de 689 points.

Pour être honnête mes 2 premières années ont été certes difficiles mais tout à fait supportables, mais depuis janvier 2014 tout est parti en miettes.

Accident de voiture, s’en est suivi un arrêt de travail (janvier à juillet), une dépression associée au Burn out qui couvait car j’étais sur 4 1/4 temps (décharges de PEMF), 4 niveaux de classe différents et accumulait les kilomètres, la fatigue et le stress.
Résultat, incapacité de conduire pendant 4 mois, suivi psychologique pendant 1 an en CMP, anti-dépresseurs et anxyolitiques, bref un légume ! Un ras le bol généralisé et une motivation en berne ! Je me suis donc battue pour avoir un mi-temps sur autorisation pour cette année, refusé dans un 1er temps puis accepté après bien des péripéties notamment mon deuxième rendez-vous avec le médecin du rectorat. Ouf ! Et bien non même pas. Alors oui moins de travail et de kilomètres mais une implication affaiblie et surtout un revenu bien évidemment proportionnel et donc d’autres problèmes ! J’ai l’impression de ne pouvoir sortir d’une spirale qui m’aspire, moi et ma famille vers un gouffre.

Ma famille, parlons-en, la 1ère année mon fils qui avait alors 5 ans refusait de me parler au téléphone et m’en faisait voir de toutes les couleurs le dimanche lorsqu’il me voyait préparer ma valise (je partais cette première année le dimanche soir et revenais le vendredi soir).

A partir de la deuxième année ma fille cadette âgée alors de 9 ans a eu droit à un suivi par un pédopsychiâtre sur Dijon, j’ai alerté le médecin du rectorat lors d’un rendez-vous, ses réponses m’ont anéanties, je ne rentre pas dans le détails. Et cette année c’est au tour de ma fille aînée, qui depuis 4 ans supporte la situation que j’impose par mes choix professionnels, d’aller régulièrement à l’adosphère à Dijon à cause de crises de spasmophilie à répétition et dernière en date d’une prise en charge par les pompiers sur la voie publique suite à une crise de tétanie lundi dernier. Contactée, j’ai quitté ma classe en catastrophe, j’ai pu rejoindre ma fille seulement au bout de 2 h00 d’angoisse et de route.

Je vous épargnerai le couplet sur ma vie de couple qui part elle aussi en miettes !
Depuis 4 ans, je vis dans la culpabilité, coupable d’avoir voulu faire un métier dont je rêvais, coupable d’être épuisée, coupable d’infliger cela à mes enfants et mon mari, coupable de ne pas avoir de temps à leur consacrer, coupable d’aider des enfants inconnus alors que je n’aide pas les miens (reproche fait par mes enfants), coupable, coupable, coupable, la sentence est tombée, je suis prisonnière de l’Yonne !
Je considère que je risque ma vie, ma santé et ma famille à chaque fois que je me rends au travail, est-ce normal ?

Voici les grandes lignes de ma vie depuis 4 ans et je n’ai pas dit encore tellement de choses !

Je ne sais pas si c’est ce à quoi vous pensiez lorsque vous nous avez demandé de témoigner mais c’est ce que j’avais envie d’exprimer !

Merci de nous en laisser la possibilité.

SUD éduc 89 : Merci pour ce témoignage poignant !


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